Boitiers d’occasion pour débutant: vraies ou fausses bonnes affaires ?

Les appareils reflex numériques ont évolués assez rapidement ces dernières années. Cela a notamment pour conséquence de faire chuter le prix en occasion de manière trés conséquente. On trouve des boîtiers de 2 ou 3 ans pour le tiers ou le quart du prix neuf de l’époque. Cela place aussi des anciens boîtiers experts en concurrence directe avec les boîtiers grand public plus récents, plus « performants ».

Il est évident qu’il y a des « bonnes affaires », notamment pour les débutants dans le monde du reflex qui reste relativement cher une fois que l’on ajoute les optiques ! Mais les aficionados des spécifications, les « geeks » attachés au dernier cris, et globalement tout le petit monde « bien-pensant du web » véhiculent généralement le message suivant: si tu n’a pas la dernière génération, t’as tout faux ! L’écart de performance est tellement important que les anciens boîtiers n’ont plus d’intérêt ! » Que croire ? Possesseur d’un reflex d’ancienne génération, le K10, mais aussi d’un reflex de dernière génération ou presque, le Kx, voici mon point de vue…

Chez Pentax, par exemple,à la sortie du K10, tout le monde s’accordait à dire, que cet appareil était « enfin » un appareil aux performances (du capteur) suffisantes pour être acceptable en toute circonstance, y compris pour des rapports d’agrandissement importants (y compris les posters dans les limites du raisonnable). C’était le premier « vrai » boîtier expert numérique de chez Pentax. Cet appareil a été utilisé par de nombreux professionnels (et il l’est certainement encore). Le prix à l’époque était presque révolutionnaire pour cette catégorie. Depuis, est sorti: le K20 puis le K7 puis actuellement le K5 qui tourne à 16MP, que l’on parle de remplacer cette année… Et, l’on retrouve en occasion par mal de K10/K20 aux environs des 250-300€. Ces boîtiers experts d’occasion entrent en concurrence directe avec les occasions (et même les neufs !) des boîtiers « grand public » plus récents.

Les personnes qui connaissent déjà leurs besoins sauront faire le bon choix en fonction de ce qu’ils souhaitent en faire. Mais les débutants en photo, ou les débutants dans le monde des reflex peuvent rapidement se retrouver devant un vrai dilemme. Alors que choisir ? K10/K20, boîtier expert déjà assez ancien, ou Kx/Kr, boîtier grand public récent ?

  • La performance du capteur

Sur le Pentax, les capteur Sony utilisés sur les dernières générations sont incontestablement plus performants que les capteurs Samsung de la génération du K10/K20. C’est d’ailleurs valable pour toutes les marques, quelque soit la technologie utilisée (CCD ou CMOS). En quelques années, les capteurs et l’électronique a bien progressé. Notamment, le bruit lors de la montée en ISO, au dessus des 400ISO, y est bien mieux géré (les progrès en terme de traitement processeur y contribue aussi). Mais est-ce aussi fondamental que cela ?

Je me souviens d’un temps (que les jeunes de 20 ne peuvent pas connaître… Montmartre en ce temps-là, accrochait ses lilas, jusque sous nos fenêtres… Oups, je m’égare !). En argentique, couleur nous mettions une pellicule 100 ASA par beau temps, en extérieur. La 200 ASA était un peu considérée comme la pellicule polyvalente (bonne pour tout). Et la 400 ASA était, en pratique la plus grande sensibilité que l’on utilisait, notamment pour l’intérieur ou par temps pluvieux. En numérique, personnellement, je « cale » toujours mes appareils entre 100 et 400. Et, exceptionnellement, je pousse à 800. Bref, je ne pense pas que le gain en sensibilité soit un critère discriminant à partir du moment où le 400 ASA est correct. En particulier, pour un premier reflex …

Le gain en définition et l’augmentation en nombre de pixel, n’est que de 20% entre un K10/K20 de 10MP et un Kx/Kr de 12MP. En pratique cela ne m’est jamais apparu trés significatif. De plus, l’usage de capteur à haute résolution impose l’utilisation d’optique d’une qualité équivalente sous peine de ne pas profiter pleinement de ces qualités, voir même d’être trés déçu des résultats par une mise en évidence des défauts optiques. Sur les boîtiers de dernière génération, l’utilisation d’optiques anciennes devient de plus en plus problématique, à quelques exception près. Ne parlons même pas de l’augmentation de la taille des fichiers et du temps de traitement sur PC. En pratique, cette augmentation du nombre de pixels peut être intéressante si l’on souhaite sévèrement recadrer en post-traitement. Mais là encore, combien de débutant feront un réel usage de cette possibilité ? Et, ne vaut-il pas mieux apprendre à bien cadrer à la prise de vue ?

  • La construction mécanique

La conception mécanique d’un boîtier « expert » du type K10/K20 donne un avantage net à celui-ci pour ce qui est de la solidité. Mais cette construction type « char d’assaut » se paye toutefois par un poids plus conséquent. Il sera plus lourd et encombrant (et aussi moins discret) pour les voyages. là tout dépend donc de l’usage que le débutant souhaite avoir de son appareil. Pour stabiliser l’appareil en prise de vue à main levée, c’est un avantage. Le confort lors de la prise en main, avec volume et poids plus important, en est grandement améliorée. Donc entre confort de prise vue et facilité de transport, il faut choisir. C’est réellement un critère de choix dépendant de l’usage que l’on souhaite faire de cet appareil.

  • L’ergonomie de l’appareil

L’ergonomie des boitiers reflex a peu évolué, en fait. Elle est restée assez similaire d’une génération à l’autre mais affiche sur des différences selon la gamme de boitier. Le K10/K20 est beaucoup plus paramétrable qu’un Kx/Kr. Mais cela nécessite de rentrer dans les menus, de comprendre les fonctions proposées, de passer du temps à découvrir l’appareil avant de réellement l’utiliser … Bref, il est plus complet mais plus complexe et nécessite de pratiquer régulièrement sous peine d’oublier le paramétrage effectué précédemment.

Sur le K10/K20, il y a beaucoup de boutons et 2 molettes. Ces 2 molettes sont souvent un avantage mis en avant par certains experts. Effectivement, à l’usage, ces 2 molettes sont paramétrables: Les experts apprécient cet possibilité, car cela permet de personnaliser l’ergonomie de son appareil en fonction de l’usage spécifique que l’on en fait. Mais un débutant sur reflex, ne souhaitant pas se « prendre la tête » sur la technique de l’appareil, risque de trouver cela un peu « lourd » et compliqué.

De l’autre côté, le Kr/Kx a une ergonomie simplifiée avec une molette possédant des icônes de programmes « résultats » en plus des programmes « classiques ». La prise en main est plus facile, voir immédiate. Mais une seule molette réduit un peu le confort de l’appareil (surtout lorsque l’on a déjà l’habitude des 2 molettes pour affiner directement ouverture/vitesse ou autre). Sur le Kx/Kr, l’ergonomie est en quelque sorte imposée. Il y a qu’une molette et le paramétrage de l’appareil est beaucoup plus limité.

Là-aussi, finalement, il s’agit d’un vrai choix à faire: entre un appareil à prise en main facile ou un appareil plus complexe mais plus apte à répondre aux moindres desiderata de son possesseur.

  • Autres critères techniques

L’autofocus du K10/K20 semble moins performant que celui du Kx/Kr. Personnellement, j’ai monté un dépoli du style des anciens Nikon F3/F4 sur le K10 et je pratique beaucoup en mise au point manuel. Là aussi, un boîtier expert offre des possibilités supérieurs et un meilleur confort grâce à son plus grand viseur. A contrario, j’utilise principalement le mode autofocus sur le Kx/Kr. Le viseur est un peu plus petit et cela suffit pour rendre la mise au point manuelle moins agréable.

La batterie du K10 est spécifique tandis que les Kx/Kr utilise un jeu de LR6 (standard ou de batterie rechargeable de type LR6, pensons au recyclage !). Je trouve cette dernière solution plus pratique si l’on a oublié son chargeur lors d’un voyage. De plus, l’autonomie n’en pâtis pas vraiment si l’on considère le prix d’un jeu de batterie supplémentaire, il est toujours possible d’en emporter 2 ou 3 jeux. Tandis que le prix d’une batterie Pentax est … comment dire … dissuasif !

  • Conclusion

Ce sont 2 appareils trés différents où l’achat en occasion peut trés bien se justifier en fonction de l’usage que l’on souhaite en faire. Ce qui est de plus en plus évident, c’est que les catégories d’appareil se démarque de moins en moins par leur performance sur le terrain mais de plus en plus par leur ergonomie et leurs fonctionnalités.

Chaque catégorie d’appareil représente une « philosophie » de photographier différente. Si l’on débute en reflex et en photo, et que l’on ne souhaite pas trop rentrer dans la technique des appareils, le Kr/Kx (neuf ou d’occasion), type « grand public », est certainement le meilleur choix.
Si l’on connaît déjà un peu les bases de la photo, et que l’on souhaite découvrir tout ce que peut offrir un boîtier dit « expert » alors le K10/K20, boîtier expert d’ancienne génération, est certainement un excellent choix.

A l’heure où les fabricants sortent des compacts à capteur de grande taille pour un prix supérieur à 600€, il est heureux de constater qu’il est possible de trouver des boîtiers « expert » d’excellente qualité à moins de 300€, du fait de l’obsolescence rapide des appareils (orchestrée par les marques elles-même ?). J’irais même plus loin: à moins d’être « pro », est-il encore justifier d’acheter un boîtier reflex neuf à plus de 400-500€ lorsqu’il suffit d’attendre une ou deux années pour obtenir la même chose au quart du prix neuf ?

Bref, alors qu’il s’était épuisé avec l’arrivée écrasante du numérique, le marché de l’occasion (en numérique, cette fois) devient de plus en plus intéressant pour l’amateur, plus passionné par la photographie que par la performance « papier » d’un appareil.

 

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