Pensées vagabondes… 79. L’enseignement des sciences

Plus personne ne se souvient de cette révolution dans l’enseignement des sciences, mais ce fut un pas de géant!

Le roi venait de recevoir un rapport qui le laissait perplexe, sur l’enseignement prodigué aux jeunes gens et aux jeunes filles, et en particulier l’enseignement des sciences.

Les sciences sont classées en trois catégories. Les sciences exactes, les sciences poétiques et la science à part.

Les sciences exactes sont celles pour lesquelles il n’existe qu’une seule solution à un problème donné. Elles sont enseignées aux jeunes gens. Elles comprennent en particulier la musique, car il n’existe qu’un seul moyen de rassembler les chefs de centaines auprès du Général par
les trompes militaires sonnant en continu ou de lancer un assaut par ces trompes sonnant avec éclats ou de rappeler les troupes par une sonnerie modulée de trois notes particulières. L’écriture est également une science exacte car il faut recopier le Grand Livre des Anciens en
respectant la forme des lettres et de l’espacement des lignes.

Les sciences poétiques sont celles pour lesquelles plusieurs solutions peuvent être trouvées à un problème donné. Elles sont enseignées aux jeunes filles. Elles comprennent en particulier l’intendance, car il y a plusieurs manières d’assurer un commerce ou de financer une construction. Les mathématiques y ont une part grandissante, au fur et à mesure de la découverte de concepts nouveaux, apportant encore de nouvelles solutions aux problèmes posés.

La science à part est celle du fou. Elle n’est pas enseignée, c’est un don de Dieu.

Or, la fille du Général était en train d’étudier un problème mathématique posé par son professeur. Ce problème était de diviser une centaine de soldats, comptant comme d’habitude douze dizaines, en demi-centaines. La fille du Général, excellente élève, trouva la bonne solution par la méthode des haricots. Chaque haricot représente une dizaine de soldats. On place quatre haricots en première demi-centaine, quatre autres comme deuxième demi-centaine, il reste quatre haricots sous les ordres du chef de cents : la division tombe juste.

Le fils du Général, voyant cela, répartit les dizaines différemment, en cinquièmes de centaines : on place deux haricots par cinquième de centaine et on le fait cinq fois, il reste deux haricots sous les ordres du chef de cents et la division tombe juste. Les deux enfants trouvèrent même ensemble une autre solution, en plaçant trois haricots par cinquième et en limitant le nombre de cinquièmes à trois, il reste trois haricots sous les ordres du chef de cents et la division tombe également juste.

Bien sûr, tout ceci n’est que très théorique et poétique, car lorsqu’il y a plusieurs solutions au même problème, comment expliquer aux soldats qu’un cinquième peut comprendre un nombre variable de soldats ?

Ce qui rendait le roi perplexe est que ces différentes solutions avaient été trouvées par un garçon et que de plus en plus de jeunes gens demandaient désormais à aller à l’école, comme les filles.

Mais le roi ne trouvait pas de réponse, car son problème avait plusieurs solutions et le roi n’était pas habitué à résoudre seul les questions poétiques. En l’absence du fou qui était malade, il résolut de consulter la reine. La reine lui répondit qu’il aurait pu, lui aussi, trouver la solution s’il avait été formé à l’école, aux sciences poétiques.

Depuis, même les jeunes garçons de bonne famille vont à l’école apprendre les sciences poétiques. Et certaines jeunes filles apprennent les sciences exactes.

 

Philippe

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