Pensées vagabondes… 38. La Page Blanche

Les mots se dispersaient sur la grande Mer des Idées. Certains étaient à la pêche, d’autres avaient tiré leurs barques sur la plage où ils faisaient la sieste, d’autres s’entraînaient à la rime, certains faisaient du commerce.

Un verbe reprit les mots en mains et les rassembla sous ses ordres. « Nous ne sommes forts, disait-il, que si nous sommes rassemblés. Unissons nos forces ! » Aussitôt, les mots démontèrent leurs barques individuelles et en rassemblèrent les planches pour construire un
grand navire qu’ils baptisèrent « La Page Blanche ». Et les mots y embarquèrent en disant au verbe : « Maintenant, nous sommes tous dans le même bateau.»

Sur le navire, certains mots paressaient, d’autres avaient repris la pêche aux idées, d’autres encore tentaient de faire du commerce en profitant de la plus grande cale. En fait, tous se sentaient inutiles et une virgule suffit pour les apostropher : « Si vous ne rimez pas, la Page
Blanche ne risque pas d’avancer ! »

Les mots se précipitèrent le long du bordé, chacun tenant sa rime au bout d’une longue perche. Et tous se mirent à rimer. Certains rimaient en droit, d’autres rimaient en vers. D’autres encore, plus prosaïques, auraient voulu rimer en prose… Et la Page Blanche continuait de dériver.

Un adjectif les qualifia de mots impossibles à transcrire ici, puis ordonna à tous de rimer dans le même sens afin que la Page Blanche avance enfin. Hélas les rimes, trop nombreuses, s’entrechoquaient.

 

Philippe

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