Le Conseil Royal était rassemblé pour déterminer les objectifs de la campagne militaire de l’année suivante.
Un ambassadeur avait apporté une information importante : « Le roi de Mari a dilapidé toute sa fortune auprès des courtisanes et l’année prochaine, son armée devra faire des économies. Elle marchera donc au combat sans cuirasse. »
Le Général écoutait ce rapport avec un intérêt non dissimulé car le Royaume de Mari avait toujours été un adversaire difficile contre lequel de nombreuses campagnes avaient échoué.
« Voilà qui va simplifier nos choix pour cette année, dit-il avec satisfaction.
— Très certainement, répondit l’ambassadeur, car une bonne nouvelle n’arrive jamais seule. Leur général, furieux, a pris sa retraite. Il est remplacé par une des courtisanes. »
Le Général eut une moue de réprobation que tous prirent pour du dédain :
« Comment est-elle ?
— Sa chevelure noire fait pâlir la nuit. Son regard fait baisser les yeux aux chameaux.
— Le roi de Mari a bon goût, s’esclaffa le Démagogue.
— Sous son commandement, les soldats se battront comme des lions, avertit le Stratège.
— Mais elle ne connait rien aux choses militaires, dit le Démagogue, les troupes seront dirigées n’importe comment, sans aucun respect des us, coutumes et traditions. Un Général expérimenté comme le nôtre ne doit faire qu’une bouchée d’une telle armée !
— C’est un autre point important, répondit le Général. Je connais bien leur ancien général, je pouvais prévoir tous ses mouvements, comme il connaissait par avance les miens. Désormais, l’issue d’une guerre avec Mari sera bien incertaine… »
On décida donc d’attendre une autre occasion et d’envoyer une ambassade à Mari afin de garantir la paix pour cette année avec ce royaume.
Et comme le Démagogue désapprouvait avec force ironie sur la couardise du Général, le fou conseilla de lui confier le commandement d’une centaine de soldats de première ligne. Ce qui fut ordonné par le Roi le jour même. Et le jour même, le Démagogue déserta. Il habite
désormais le royaume de Mari.
Philippe