Un jour, je déterrerai mes larmes. Ce sera un jour comme aucune nuit ne fut avant lui. Des larmes de déstructuration massive baptiseront une logique nouvelle qui reléguera les anciennes règles au rang des vanités qu’elles régissent. Il ne sera plus interdit d’interdire, car il est interdit d’autoriser : chacun devant ses actes, ses choix et ses décisions.
Le jour où je déterrerai mes larmes, les impératifs, les conditionnels et les subjectifs seront des modes du passé : seul reste l’essentiel. Au pied d’un futur imparfait, le passé simple est décomposé. Mais face à l’infini, le présent garde un sens.
Nul ne sait quel événement déterrera mes larmes, mais nul ne peut le prévoir. Ne cherchez pas les grandes manifestations qui ne sont pas mon ordinaire, ni la parole de trop en mon nom par quelqu’un que je n’ai pas envoyé. Peut-être la prière d’un enfant, la souffrance de trop, le cri d’une mère, l’indifférence de trop, la différence de trop.
Le jour où je déterrerai mes larmes, les mots de justice ou d’égalité n’auront plus cours : seule reste la justesse.
Le jour où je déterrerai mes larmes, on enterre la rage de guerre dans les terres ni terrassées, ni terrifiées.
P/O : Philippe