Parfois, la vérité expérimentale ne corrobore pas la vérité mathématique…
Et on progresse d’axiome, en contre-vérité…
Le scientifique considérait avec surprise le résultat de ses calculs, qui ne correspondaient en rien aux valeurs attendues.
Trois fois, il refit ses calculs, terminant tard dans la nuit pour retrouver le même résultat. Fatigué, il décida de confier ses calculs comme exercice à ses disciples le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil. Mais les disciples confirmèrent le résultat.
Le scientifique passa en revue ses hypothèses, seul, car il ne voulait pas divulguer un résultat si surprenant. Les hypothèses étaient homogènes.
Incapable d’expliquer l’étrangeté du résultat, le scientifique construisit un autre modèle, basé sur d’autres principes. Mais le résultat fut le même.
Comme il ne trouvait plus d’interlocuteur, mais qu’il ne voulait pas raisonner seul, il demanda au fou de se rendre dans le plus grand secret en son laboratoire.
Le fou se fit exposer le résultat d’études qui ne s’était, de mémoire d’homme, jamais imposé à personne. Il reçut force détails sur les expériences faites et sur les calculs. Il comprit ces calculs à la grande surprise du Scientifique. La science est sujette à modes et, à cette époque reculée, on considérait encore la folie comme un art mineur.
Après avoir revu toute l’étude, le fou donna son analyse au Scientifique :
« Vous êtes un homme méticuleux et sage, toute la terre loue votre grand savoir. Le résultat de vos expériences est donc exact et vos calculs aussi. Mais peut-être, peut-on trouver une autre interprétation ?
En résumé, les calculs démontrent que le soleil ne se lève pas et ne se couche pas au même moment à Suze et à Tyr. Or chacun sait que le soleil, qui est un astre unique, ne peut que se lever et se coucher à la même heure dans tout le royaume. Ceci démontre indiscutablement que le monde des calculs possède un imaginaire et que le monde des hommes n’est pas toujours conforme à leurs calculs. »
Philippe
